A Florence, ce 15 Fevrier. 1802.
Monsieur,
Ayant eu le plaisir de recevoir vôtre lettre de
congé de Madrid du 15 de Janvier, je profite de cette occasion,
pour vous en temoigner ma reconnaissance, ainsi que celle de ma
femme, qui m' en charge avec bien de l'exactitude. Les félicitations
que vous nous offréz sur les heureux événements qui nous ont
signalé l'anneé derniere, ne peuvent pas certainement manquer
de nous étre vraiment agréables; et bien surs que vous vœux seront
toujours les mêmes pour nous, et que vous ne nous oublieréz
jamais.
Vous connaisséz trop mon attachement pour toutes les productions
litteraires, pour ne pas voir quel plaisir j'aurai à accepter
la dedication de vôtre poême sur l'amour de la Pàtrie; je vous
prie donc de vouloir bien me faire ce plaisir, et ne jamais douter
de la sincere reconnaissance que je vous en conserverai.
Je vous desire en Amerique tous les bonheurs, et félicitès possibles,
et que vous puissiéz souhaiter; et je vous prie aussi de dire
bien de choses à vôtre femme, de ma part. J'espere que cette
lettre vous trouverà déjà en Amerique, et que vous auréz déjà
fini le voyage de mer, qui ne laisse pas d'être long, et dangereux.
Malgré célà, ce serait une bien grande satisfaction pour moi, si
je pouvais un jour, voir ces beaux pays de l'Amerique, mais je
crains bien de n'avoir jamais ce plaisir. En attendant je vous
prie de me conserver toujours vôtre amitié et attachement;
n'oubliéz jamais mon pauvre cabinet d'histoire naturelle, quand la
nature offrira quelque chose de particulier; et soyéz bien persuadé
des sentiments de vrai, et sincere attachement avec lequel je suis,
et serai toujours,
Monsieur,
Vôtre tres affiné. ami,
LOUIS.