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The centennial of the University of Virginia, 1819-1921

the proceedings of the Centenary celebration, May 31 to June 3, 1921
  
  
  
  
  
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L'UNIVERSITÉ DE PARIS À L'UNIVERSITÉ DE VIRGINIE
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
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L'UNIVERSITÉ DE PARIS À L'UNIVERSITÉ DE VIRGINIE

Monsieur le Président:

L'Université de Paris vous apporte, en ce jour mémorable du premier
centenaire de votre Université, ses compliments et ses voeux.

Un professeur étranger se sent de suite à l'aise parmi vous et dans l'enceinte
de votre "campus," car il n'oublie pas que vos premiers collaborateurs
furent précisément des étrangers, arrivés comme lui d'Europe. Dès
ses débuts, et, pour ainsi dire, avant la lettre, l'Université de Virginie réalisait
ainsi cette liaison intellectuelle et scientifique entre l'Amérique et l'Europe,
qui ramène aujourd'hui près de vous les délégués des Universités sœurs.

L'Université de Virginie s'est fait, dans le pays américain, une réputation
de charme irrésistible: je ne sais pas une autre Ecole, aux Etats-Unis,
dont ses "alumni" parlent avec autant de tendresse émue. Assurément, la
beauté des bâtiments et la douceur du climat ne suffisent pas à expliquer
cette attraction, car il ne manque pas de constructions magnifiques et de
sites choisis dans la liste des Universités américaines. Il faut, pour expliquer
le charme que vous exercez, admettre qu'il y a quelque chose de plus que des
causes ordinaires, et ce quelque chose semble bien être l'esprit de votre
fondateur qui se transmet, révéré et enrichi, de génération en génération.

Pour l'exprimer d'un mot, cet esprit de Jefferson, c'est l'esprit moderne
dans son sens le plus généreux et le plus large. L'idée qui a été déposée dans
vos murs avec la première pierre et la première truelle de ciment, c'est l'idee
essentiellement moderne de l'égalité devant l'instruction. Sans doute, une
université ne peut pourvoir à toutes les phases de l'enseignement, puisqu'elle
s'adresse à une élite déjà préparée. Mais l'idée de l'instruction universelle
qui hantait Jefferson dans le bouillonnement de ses jeunes années, était si
féconde, encore qu'irréalisable à son époque, qu'elle a comme déposé un
rayon de grâce et d'attirance dans le berceau de votre Université naissante.
Lorsque les projets, prenant corps lentement, à travers les difficultés administratives
et financières et les compétitions géographiques, se furent
fixés dans l'esprit de Jefferson et des hommes de bien qui furent ses collaborateurs,
on dut sans doute constater qu'une restriction avait été opérée,
et qu'à l'enseignement universitaire était seulement dévolue la tâche d'assurer
la culture "de la science à un haut degré." Mais en même temps,
l'idée primitive reparaissait dans une formule indiquant le but à poursuivre,
à savoir donner à chaque citoyen une instruction "en rapport avec ses ressources."
Ainsi, dans votre pays à peine installè dans sa jeune liberté, une
Université se fondait, tâtonnant à travers mille obstacles, mais guidée par ce
fanal qui jamais ne s'éteint, le souci de former l'âme populaire.

Voilà l'idée clairvoyante et généreuse qui a groupé vos disciples et qui
pénètre de sympathie pour vous vos visiteurs du Vieux-Monde.


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Sans doute, la joie que nous éprouvons à nous joindre à vos fêtes ne
nous fait pas oublier à nous autres universitaires français, la terrible épreuve
que nous venons de traverser et l'hécatombe qui a fauché, parmi notre
jeunesse, les rangs les plus lourds d'espoir. Elle ne nous fait pas oublier non
plus le magnifique et généreux élan qui, parti de vos universités, a placé
votre pays à nos cotés dans la lutte suprême. Mais nous savons aussi que
la vie ne s'arrête pas à cause des deuils, et que l'herbe continue à verdir sur
nos tombes même les plus chéries. Le flot des générations nouvelles monte
sans s'arrêter les degrés qui mènent à nos salles, et nous savons que nous
avons la charge de guider sans faiblir l'âme de ceux d'aujourd'hui et de
ceux de demain, exactement comme si notre patrie ne venait pas d'être
bouleversée par l'ouragan. Le passé, nous ne l'oublions pas, c'est notre bien
à nous, c'est notre deuil sacré; mais nous ne voulons pas nous en laisser distraire
dans notre vision de l'avenir.

Laissez-moi donc vous assurer, Monsieur le Président, que l'Université
de Paris est, sans arrière-pensée, profondément heureuse de fêter avec vous
aujourd'hui votre anniversaire de joie et votre grand élan d'espérance. Le
spectacle de la jeunesse et de la vigueur de votre Université est bienfaisant
pour nous, car ces vertus nous garantissent que vous comprenez comme
nous l'aspiration commune qui doit nous unir, celle de préparer, pour nos
pays respectifs et pour le monde, un avenir de lumière où la science règne,
pacifique et large,—et en même temps un avenir de génerosité scientifique
répudiant à la fois l'esprit de domination et l'esprit d'orgueil, qui sont la
négation de la recherche, telle que la conçoivent de libres citoyens.

Le Professeur,
(Signed) Jules Legras.
Le Recteur,
(Signed) Paul Appelly.